Tout mur est une porte. Emerson

lundi 12 septembre 2011

Jacob’s Cross : l’Afrique du Sud débarque sur nos petits écrans.

Longtemps les télévisions du Burkina ont été infestées par les insipides telenovelas et les séries africaines faites de bric-à-brac. Avec la programmation de la série Jacob’s cross sur la Télévision nationale du Burkina, l’Afrique du Sud s’invite dans nos foyers. Tout laisse croire que cette série sera culte.



Jacob’s cross se passe dans l’ Afrique du Sud post-apartheid. Jacob Makhubu(Hlomla Dandala) un jeune noir brillant et entreprenant, fils d’une célèbre chanteuse et d’un héros de la lutte anti-apartheid, rêve de bâtir un empire financier avec des capitaux africains. Sa trajectoire va croiser celle d’un richissime homme d’affaire nigérian, Chef Abayomi, propriétaire d’un holding qui possède des puits de pétrole, une chaîne hôtelière et de nombreuses autres affaires, celui-ci veut proposer une énergie propre, le nucléaire, au gouvernement sud-africain. Le magnat nigérian lui apprend qu’il est son fils. A la mort de celui-ci, devenu légataire de l’empire financier et de la famille, le jeune paterfamilias doit faire face aux dissensions familiales qui risquent de couler le holding familial. Le pétrole aiguille les appétits et transforme la famille en une mer pleine de requins affamés de sang. Son demi-frère Bola (Fabian Lojede) est prêt à tout, même à l’assassinat, pour éjecter l’intrus et récupérer un empire qu’il estime lui revenir de droit. Et les requins de la finance internationale aussi voudraient bien déchiqueter le blanc-bec. Mais Jacob peut compter sur son fidèle ami blanc (clin d’œil à la nation arc-en-ciel) Prospero (Anthony Bishop) et sa demi-sœur (Moky Makura).
Jacob’s cross expérimente le genre « way of live » qui permet de fusionner plusieurs genres. C’est une macédoine qui associe les affaires de cœur, de palpitantes aventures et le bling-bling de l’univers de la finance internationale. En outre, le scénario bien ficelé, truffé de rebondissements, et les dialogues sont bien balancés et mâtiné de réflexions fines empruntant à Shakespeare ou à la sagesse africaine. En associant l’amour, la finance et le drame familial autour d’une galerie de personnages enchâssés comme des poupées gigognes, on a un cocktail qui permet d’infinies variations.
Avec la qualité des images et du montage, cette série tranche avec ce qui se fait dans la sous-région. Le recours au très gros plan, façon clip publicitaire et le montage speed en font un joyau télévisuel. On est loin de ces sitcoms où les images se traînent comme des limaces. Et le choix du screen split, c’est-à-dire l’écran présentant concomitamment deux ou plusieurs actions est plus intéressant que le montage alterné. Cette série profite pleinement des avantages du numérique. Avec un clic de souris, on peut lustrer un visage, mettre plus de lumière dans une scène ou insérer une image. La beauté des images est ici, époustouflante. Le téléspectateur se sent happé par la télé, comme s’il était face à un film en 3D. Par ailleurs, cette série va créer l’addiction du téléspectateur. Des flash-back reconstituent les grands axes des épisodes passés en début d’épisode pour faciliter le suivi de la série par les retardataires et le gimmick (la croix d’Agadez dans le cerceau de feu) du générique sont des morceaux de bravoure qui marqueront durablement les téléspectateurs.
Et le dernier must de Jacob’s cross : vous ne verrez pas les townships vérolés de misère et ravagés par le sida. Ici tout est luxe, beauté et volupté. C’est un monde paradisiaque avec des éphèbes, des sirènes et de belles voitures. Univers de champagne et de caviar ! Mais contrairement aux séries étrangères, ce sont des Africains qui habitent ce Paradis. Avec cette série, le rêve a l’avantage d’être de la couleur café de notre peau !